Psychocorporel

Considérer la place du corps dans notre vie et comprendre notre histoire à partir de notre vécu physique, émotionnel et mental.

Mouvement – Peinture 2020


Le psychocorporel, qu’est-ce que c’est ?

L’approche psychocorporelle a d’abord été développée par Wilhelm Reich (1897-1957) grâce à son ouvrage Analyse caractérielle. Il y montre le lien entre le corps et l’esprit concernant les blessures psychiques. Cette relation s’observe selon les contractions musculaires du corps pour se protéger de la douleur. Ses écrits ont été retravaillés et vulgarisés par Lise Bourbeau dans La guérison des 5 blessures.

Jack Lee Rosenberg (1932-) a repris l’importance de l’unité psychocorporelle formulée par Reich en développant l’approche de Psychothérapie Corporelle Intégrée (PCI). Il propose un accompagnement thérapeutique où l’expérience du Soi est enracinée dans le corps. L’expérience du Soi, en PCI, est un sentiment d’identité et de continuité ressenti dans le corps et qui s’accompagne d’une structure verbo-cognitive. L’accompagnement PCI intègre le corps à la psychologie en considérant que les blessures psychiques, venant d’expériences douloureuses dans la petite enfance, sont liées à des contractions musculaires pour nous protéger de la douleur. Par répétition, une habitude de contraction s’instaure et génère un mécanisme de défense caractériel. Ce mécanisme désigne une structure corporelle, une habitude ou un comportement caractériel, érigé pour protéger le Soi de blessures futures selon l’expérience des blessures passées.

Les informations présentées ici sont principalement tirées de l’ouvrage Le corps, le soi et l’âme de Jack Lee Rosenberg, Marjorie L. Rand et Diane Asay. Traduit par Anne Gagnon.


Une séance en psychocorporel, comment ça se passe ?

Au cours des séances, nous travaillons sur le développement du Soi. Selon le besoin de la personne, nous observons la manière dont elle régule et gère ce qui l’amène en séance. Nous regardons cela dans la globalité de son être. Plus concrètement, nous travaillons sur la manière dont circule l’énergie dans le corps de la personne, c’est à dire les contractions ou l’expansion présentes dans les différents segments physiques (cervical, thoracique, abdominal, pelvien), tout en considérant sa propre compréhension de la situation.

Nous utilisons des exercices de respiration et de mouvement afin d’assouplir la “cuirasse”, autrement dit la structure corporelle qui se forme à partir des tensions musculaires répétées. Cela permet d’apprendre à apprivoiser l’intensité de l’expérience vécue. En PCI, nous utilisons souvent le schéma d’une vague pour illustrer l’intensité d’une expérience, qu’elle soit d’ordre émotionnelle, mentale, physique ou spirituelle.

Chaque expérience a son pic d’intensité propre. Lorsque l’expérience est trop intense nous nous “dissocions”, autrement dit, nous nous coupons de nos sensations si l’intensité de ces dernières dépasse ce que nous pouvons tolérer. Le terme “dissocier” veut dire que nous arrêtons de porter attention au corps pour éviter de souffrir. Assouplir la “cuirasse corporelle”, ou les manifestations corporelles de tension, nous permet d’apprendre à graduellement tolérer l’intensité de nos expériences passés et de terminer la courbe de ces expériences. En PCI, nous accompagnons la personne à contenir, à développer sa capacité à soutenir, ou à être avec l’intensité de l’expérience. Habituellement nous avons plutôt tendance à retenir cette intensité, par exemple en se coupant de nos sensations comme nous en parlions plus haut. Pour apprendre à contenir, nous avons parfois besoin d’explorer les stades de développement du Soi où se sont passées des blessures psychiques fortes. Nous pouvons alors mieux comprendre les situations qui nous semblaient être les plus dangereuses pendant l’enfance et que nous avons continué de bloquer à l’âge adulte. Enfant, notre expérience du Soi était en construction et nous n’avions pas les ressources que nous avons développées par la suite pour nous protéger. Le fait de retenir l’expérience au lieu de la contenir était une solution de survie. En expérimentant à nouveau ces situations avec le corps, nous pouvons terminer la courbe de cette expérience tout en observant que nous ne sommes plus menacé.e d’être anéanti.e par cette intensité. Nous sommes capable d’être avec elle sans en être submergé.e. Pour illustrer cela avec une métaphore, on peut dire que nous apprenons à terminer de respirer cette expérience et devenons alors disponible pour autre chose, pour vivre de manière plus apaisé des situations présentes similaires.

Schéma de vague inspiré de la formation IPCI à Montréal – 2021

Les ressources que nous explorons en PCI sont celles de la relation thérapeutique permettant un cadre sécuritaire, bienveillant et soutenant pour la personne. Nous utilisons la respiration, le mouvement, le développement de la capacité à contenir, l’observation des mécanismes de défenses, les transferts et contre-transferts, ainsi que l’établissement de frontière (délimiter un espace sécuritaire pour soi).


Comment cet accompagnement s’applique-t-il en massothérapie ?

Selon le type de massage proposé, la personne va se retrouver plus ou moins facilement en contact avec des émotions. Nous avons vu que les blessures psychiques, en PCI, sont liées à des contractions musculaires. Lors de détente physique, autrement dit musculaire, il est possible que des relâchements de la cuirasse corporelle s’opère et qu’une émotion émerge au moment d’être touché.e, ou bien après la séance quand le corps se relâche. Avec l’approche PCI, je peux mieux accompagner ce que le toucher peut éveiller psychiquement chez la personne. Surtout avec le massage californien qui, grâce à la lenteur de ce soin, favorise un état de détente profond et d’ouverture à ressentir les sensations.

De plus, le soin du massage n’est pas le même si la pesronne est d’abord reçue avec ce qu’elle vit au moment où elle arrive en séance. Les séances que je propose commencent toujours par le bilan de santé, suivi d’un petit entretien pour savoir comment la personne se sent physiquement, émotionnellement et mentalement. Selon ce que la personne me partage, j’adapte mon massage aux parties du corps les plus sollicitées par son vécu actuel. Ce temps de discussion est prévu dans l’entretien de début de séance et chaque choix de ma part est communiqué à la personne afin de maintenir un cadre d’accompagnement clair et sécuritaire.

Remarque : Un soin en massage californien avec un accompagnement psychocorporel ne remplace pas une séance de thérapie auprès d’un.e psychothérapeute.