Témoignage 1

Assise, tête baissée et bras levé – 2021

Quelques mots après la peinture et la danse, quelques mots à lire sur ce corps comme appui.

Comment savoir si je peux me déposer là, me reposer sur toi. Où est mon appui, mon assise, mon propre centre ? Cet interstice d’où les lignes fusent, les perspectives jaillissent et les horizons se dessinent ? Comment exister si “je” ne suis nulle part, si je n’habite pas quelque part, un lieu où être, être moi, être mien ? Est-ce que je possède un lieu pour moi ? Est-il à moi ou bien à d’autres ? Comment l’apprivoiser ce lieu, venir timidement toquer à la porte, savoir si quelqu’un est déjà là, toquer, demander, juste au cas où, oui ne pas déranger chez moi, ne pas déranger d’être.

Quel lieu ? Un corps, une chambre, un corridor ? Aimerais-je habiter ce corps, cet organisme grouillant, vivant, attaché à moi, vivant avec moi. Est-ce agréable, confortable d’être avec lui, à côté de lui, de le posséder, le maîtriser ? A-t-il une histoire ? Comment savoir ? Puis-je l’interroger, l’écouter ?

Je suis si loin de lui parfois, de ce corps que je suis, si loin que je ne sais plus comment faire, comment être incarnée, être reliée à toute cette vie en moi, autour de moi, dans chacun des tissus de chair qui respire ici.

Et pourtant, je ne cesse d’apprendre, d’apprendre avec des mots et des livres. Essayer, chercher, interroger cet existé-là que je suis. Douter, appeurée même quelque fois…et en même temps je suis là, à me battre avec tous ces stress du quotidien, à vivre dans une communauté, une société même, essayer de comprendre puis finalement oublier. Et pourtant, je suis là, je vibre et ressens.Alors, je me mets en mouvement, un mouvement lent, attentif et offert. Offert à tout, tout ce qui arrive à moi à cet instant et me fait devenir sans limite, tout est sensation, présence, abandon, et même aisance, ma maladresse disparait et le plaisir émerge ! Et j’aime, là je le sais, j’existe, il n’y a pas à douter, je suis là, pleinement là, reliée et au centre de tout, juste un instant, une seconde, avant que tout ne s’écroule à nouveau.

Ce corps est mon appui. Un centre serein, calme et puissant, un lieu qui m’accueille dans toutes mes parties, mes blessures et mes joies, un lieu de repos aussi clair que la lumière de la lune.

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